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Courrier des Andes
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17 avril 2007

Coca et cocaleros: les axes alternatifs

par Hugo Cabieses

Peru21

Hugo_CabiesesPar Hugo Cabieses (Économiste, spécialiste du problème de la feuille de la coca. Photo PUCP)

Ce gouvernement mène en effet une politique antidrogue : cette politique ratée que le Gouvernement des États Unis impose partout depuis 30 ans : le prohibitionnisme et la "guerre contre les drogues" contre la coca et les cultivateurs cocaleros.

Le Gouvernement fait exactement la même chose, voire plus : 1) arrachage des cultures  2) saisies et détentions sous les projecteurs des médias et les applaudissements du Gouvernement des États Unis avec lequel il veut signer un traité de libre échange TLC et, 3) poursuivre ce "développement alternatif" que l’on sait raté et qui est appliqué depuis 25 ans avec l’appui de l’Usaid ou de l'ONUDD.

Avec l'Acte de Tocache, les agriculteurs ont imposé au Gouvernement un agenda sur la coca et les drogues, qui est celui que le président García a repris en rechignant quand il dit –sans citer ses discours grandiloquents, que le problème n’est pas seulement d’arracher, mais d’attaquer le trafic des produits chimiques, les "barons de la drogue", les policiers corrompus, et détruire les puits de macération ainsi que les aéroports. Pourvu que ce soit le message d’Alan García à Washington quand il s’entretiendra avec George Bush, le 23 avril, et non pas cette vaine idiotie qu’est le simple arrachage des cultures de coca.

Une politique alternative doit reposer sur les axes suivants :

1. les drogues et la coca ne relèvent pas de la "sécurité nationale", mais de la sécurité des citoyens et, d'abord, du développement humain. C'est-à-dire, un problème socio-économique et culturel du côté des producteurs, médical et sanitaire, préventif et éducatif du côté des consommateurs - de drogues, et non pas non de feuilles de coca - et enfin, du service des renseignements avec des opérations "chirurgicales", pour couper les maillons intermédiaires du trafic.

2. Le problème vient de cette politique prohibitionniste inefficace qui consiste à diminuer la demande de drogues et à enrayer le "narcotrafic". D'autre part, la stratégie "ultracapitaliste" d’arracher ou de fumiger les cultures n'a pas fonctionné non plus. Son but était d’augmenter le prix de la cocaïne vendue dans la rue, d’augmenter l'approvisionnement de drogues sales et d’assurer davantage de sécurité dans les quartiers consommateurs. Aucun de ses trois points n’a était atteint.

3. Promouvoir une politique d'État propre, qui doit être examinée par et avec les citoyens. Ceci implique l’élaboration d’un cadre législatif et institutionnel capable de frapper les maillons intermédiaires du trafic de drogues, qui abolisse le DL 22095 (*) de la dictature Morales de Bermúdez, et qui construise une seule et unique orientation politique dans la lutte contre le trafic de drogues, car actuellement neuf autorités y sont impliquées - Devida, Minint, Ofecod, Dinandro, MEF-UIF, Défense, Agriculture, Éducation et Santé ; pendant ce temps là, les narcos jubilent.
( *  loi de répression du trafic illicite de drogue.)

4. Respecter et encourager la culture et la production de la feuilles de coca pour son usage traditionnel et industriel bénéfique, ce qui implique un cadre législatif qui transforme radicalement l'Enaco(*) car il est par inefficace – des 9 mille TM il n’en récolte que 3 mille- et qui encourage l'investissement privé dans ce domaine.
( *  L’Entreprise Nationale de la Coca, crée en 1949, seule entreprise péruvienne autorisée à commercialiser la feuille de coca et ses dérivés.)

5. Cesser l'arrachage forcé des cultures de ces agriculteurs parrainés, par le registre et le cadastre, en accord avec l'Acte de Tocache, processus qui prendra au moins six mois

6. promouvoir un développement rural intégral durable et recevable dans les zones cocaleras, et ne pas insister sur le "développement alternatif" de l'Usaid et de l'ONUDD, qui se base sur le modèle du "produit moteur d'exportation" ; - café, cacao, palmier nain, palmier à huile, canne à sucre, etc. - dans les zones de forêt haute qui ne sont pas appropriées pour ces cultures.

7. Alors que la consommation interne des drogues augmente, surtout chez les jeunes, on doit promouvoir des programmes de prévention ou d’éducation qui soient informatifs, et non répressifs comme le sont les programmes actuellement.


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Commentaires
J
D'accord sur tous les points sauf sur le nº 7, que je trouve complètement utopique et irréalisable. La prévention, en matière de drogue et d'alcool, ça ne sert à rien. On le voit bien en France, seule la hausse -vertigineuse- de la tva sur le tabac est capable de diminuer la consommation... et encore! Comment seuvrer un dépendant? je ne crois pas à l'efficacité des leçons de morale ou des messages d'information dissuasives.
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